CABARET NEIGES NOIRES

Salle Louis-Philippe-Poisson (Maison de la Culture de Trois-Rivières)

 

Texte : Dominic Champagne, Jean-Frédéric Messier, Pascale Raffie et Jean-François Caron
Mise en scène : Patrick Straehl

Scénographie : Patrick Straehl
Contribution au décor : Karl Bussières
Conception des éclairages : Éric Ahern
Éclairages : Émile Baril-Lefebvre
Direction musicale : Patrick Straehl
Sonorisation : Andréanne Lehouillier
Vidéos : Emmie Massicotte
Costumes : Le Costumier Chavigny
Coiffures : Patrice Visage

Avec : Julie Balleux, Jeremy-Alejandro Bouchard-Flores, Andréanne Cossette, Anna Fröhlich, Danick Labbé, Alexane Lavoie, Dany Lavoie, Luc Martel, Marie-Christine Perras et Mylène Renaud


** L’auteur Jean-François Caron s’entretiendra avec le public après la représentation du samedi 14 décembre, 14h.

Avertissement : Le spectacle aborde certains sujets sensibles avec un humour noir qui pourrait ne pas convenir à certaines personnes. Nous préférons vous en avertir.

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Cabaret neiges noires, comme l’exprime si bien l’oxymore emprunté à Hubert Aquin, c’est à la fois l’ombre et la lumière, le jour et la nuit, le suicide et la rage de vivre, la désillusion et l’utopie, le pessimisme et l’espoir. Portrait critique délirant de la société québécoise, cette charge poétique et cynique choque autant qu’elle libère dans un grand souffle festif et jubilatoire. Emblématique d’une époque, les années 1990, cristallisant les préoccupations sociales et esthétiques de la génération X, cette œuvre hybride et subversive aborde des enjeux qui n’ont pourtant rien perdu de leur pertinence : changer le monde ; revendiquer la liberté, la fraternité et l’égalité ; réformer le théâtre ; embrasser tous les genres, défier les conventions, détourner les codes. Parce qu’elle saisit quelque chose de ce que l’on pourrait appeler l’âme québécoise (la souffrance et la résilience de ces francophones d’Amérique qui se révoltent tranquillement, ceux-là qui réclament leur autonomie du bout des lèvres), mais aussi parce qu’elle fait un énorme pied de nez à cette tiédeur, à cet immobilisme, la pièce a encore de quoi inspirer les nouvelles générations.

Durée : 1h40 (sans entracte)

PROGRAMME
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Photos du spectacle

© Mario Groleau, photographe officiel du TGP


Dans les médias

« C’est une mise en abîme du théâtre dans du théâtre. Les personnages montent un cabaret : il y a du chant, de la poésie, de la musique, mais on ne sait pas trop ce que ça va donner. On voit les personnages en répétition, donc on va voir les comédiens décrocher souvent, passer de leur personnage de comédien à celui que leur personnage joue. […] C’est un coup de gueule, un cri du cœur de la génération X, la génération dite du ‘’No Future’‘. Ça vient aussi dans la foulée du premier référendum, qui avait été porteur d’espoir pour les jeunes, une occasion de se redéfinir. Les personnages portent cette grande déception, ce sont des gens révoltés. Ils ont aussi leur propre histoire tragique à travers ça, qu’ils vont nous pitcher. […] Je vois vraiment un parallèle entre les générations X et les Z. Ils [les Z] voient que plus ça va, plus le monde est absurde. Les jeunes sont plus cyniques face à la politique, probablement encore plus que dans les années 90. Ça met aussi en colère cette génération, qui se demande dans quel état sera la planète dans 50 ans. Il y a des guerres qui leur semblent absurdes, comme l’Ukraine, menées pour des bouts de territoire. Il y a ce qui se passe à Gaza... Je pense que tout ça interpelle les jeunes, peut-être plus qu’on le pense. […] Oui, c’est une pièce très sombre, mais il y a quand même de l’espoir qui pointe. Le propos à la fin est de questionner les spectateurs sur le sens de la vie. Si on peut être quelques-uns à repousser la mort, l’absurdité, l’insignifiance, et retrouver ensemble une raison de vivre, de s’épanouir dans cette société-là, il y a quand même ça qui est laissé au spectateur. Donc ce n’est pas que noir. […] C’est clair que si une personne sort de la salle à la fin du spectacle et dit ‘’j’ai tout compris’‘, ça veut dire qu’on s’est planté! C’est une pièce étourdissante, je l’ai dirigée pour qu’elle soit comme ça. Les gens, d’après moi, n’auront pas le temps de tout absorber. Moi-même, quand j’avais vu la pièce dans les années 1990, j’ai été dérouté. […] Mais il faut s’ouvrir, recevoir ce qu’il y a là. Je conseille aux gens de se laisser percuter et toucher aussi. Parce qu’il n’y a pas que de la parole violente, il y a de la poésie. Et avec la scénographie, les effets d’éclairage et vidéos, ça va aider le public à trouver un sens à tout ça. »
 Patrick Straehl, en entrevue avec Matthieu Max-Gessler, Le Nouvelliste, 12 décembre 2024

« C’est une pièce que je porte depuis plusieurs années. En fait, j’avais été voir la première mouture au début des années 90. C’est une pièce coup de poing, qui m’avait jeté par terre, moi et les gens qui étaient autour de moi. […] c’est un cri du coeur, le cri du coeur de la génération X, celle du “No Future” […]. Et pourquoi monter ça trente ans plus tard? Parce que la nouvelle génération pourrait très bien porter ce même cri du coeur face à l’absurdité du monde [de plus en plus polarisé] dans lequel on vit. […] Parce que oui, il y a [encore] beaucoup de désespoir, de gens qui portent des désillusions […]. [Ce qu’on propose avec cette nouvelle mise en scène,] c’est la même vigueur, c’est la même force, c’est la même énergie, c’est le même genre de dénonciation [que dans la production originale]. Oui, ça peut ébranler. Oui, possiblement que des gens vont essayer de [trouver un sens au spectacle], et n’arriverons justement pas à tout comprendre[, ce qui est normal]. Mais on veut aussi qu’ils ressortent avec la question du sens de la vie : c’est quoi le sens de ma vie et quel sens on peut donner à notre vie collective? »
 Patrick Straehl, en entrevue avec Fabiola Toupin, Toujours le matin, 11 décembre 2024