SAISON 2024-2025

La 32e saison du Théâtre des Gens de la Place s’inscrit sous le signe de l’indignation et de la révolte. Chaque jour, les médias ne cessent de nous rappeler les dérives et les reculs qui gangrènent la société : crise climatique, racisme systémique, féminicides, homo/transphobie, mouvements extrémistes, génocides. Comment rester indifférents face à tant de violence? L’art a-t-il encore le pouvoir d’éveiller les consciences et de nous sortir de notre apathie collective? Soucieux·ses d’engagement social, nous vous proposons trois pièces qui brassent la cage et – comme le souligne le visuel de notre saison – invitent à la prise de parole et à la dénonciation, afin que de la noirceur qui recouvre notre époque puisse surgir un peu de couleur et d’espoir.

 
 

LES GARÇONS DE LA BANDE

26 au 29 septembre 2024
Salle Anaïs-Allard-Rousseau

Nous sommes en 1968, avant les événements de Stonewall et le mouvement de libération homosexuelle. Des amis se réunissent chez Michael pour célébrer l'anniversaire de Harold, un membre de leur bande. L'appartement représente un « safe space » pour Michael et ses amis, qui sont homosexuels à une époque où leur orientation sexuelle est encore mal vue. Au milieu de la soirée, un ancien camarade de collège de Michael se présente en trouble-fête, semant la confusion au sein du petit groupe. Michael, amer et en état d'ébriété, propose alors un jeu : chacun des hommes présents doit prendre le téléphone, appeler la seule personne qu'il a vraiment aimé dans sa vie et lui déclarer ses sentiments. Ce qui se voulait une soirée de plaisir tourne vite à la déception et à l'apitoiement pour ces hommes en quête d’amour et de reconnaissance.


CABARET NEIGES NOIRES

12 au 15 décembre 2024
Salle Louis-Philippe-Poisson

Cabaret neiges noires, comme l’exprime si bien l’oxymore emprunté à Hubert Aquin, c’est à la fois l’ombre et la lumière, le jour et la nuit, le suicide et la rage de vivre, la désillusion et l’utopie, le pessimisme et l’espoir. Portrait critique délirant de la société québécoise, cette charge poétique et cynique choque autant qu’elle libère dans un grand souffle festif et jubilatoire. Emblématique d’une époque, les années 1990, cristallisant les préoccupations sociales et esthétiques de la génération X, cette œuvre hybride et subversive aborde des enjeux qui n’ont pourtant rien perdu de leur pertinence : changer le monde ; revendiquer la liberté, la fraternité et l’égalité ; réformer le théâtre ; embrasser tous les genres, défier les conventions, détourner les codes. Parce qu’elle saisit quelque chose de ce que l’on pourrait appeler l’âme québécoise (la souffrance et la résilience de ces francophones d’Amérique qui se révoltent tranquillement, ceux-là qui réclament leur autonomie du bout des lèvres), mais aussi parce qu’elle fait un énorme pied de nez à cette tiédeur, à cet immobilisme, la pièce a encore de quoi inspirer les nouvelles générations.


LA VIE EN ROUGE

20 au 23 février 2025
Salle Louis-Philippe-Poisson

Boris Vian, alias « Bison Ravi », a composé une œuvre combattante dont les adolescents raffolent, y retrouvant leur révolte et leur amertume, leur joie de vivre et leur vision à la fois enfantine et cynique du monde, leurs délires oniriques et leur sens de la poésie ludique. Il ne porte pas de lunettes roses pour commenter l’actualité, il se connecte au rouge qui pulse dans les cœurs insatisfaits. Comme s’il cherchait à exorciser la violence qu’impose l’Histoire par un humour grinçant qui recouvre l’horreur, son écriture adopte un ton tantôt lyrique et désespéré, tantôt humoristique et burlesque. Mort à l’âge de 39 ans, passablement ignoré de son vivant, la France redonnera au « Prince de Saint-Germain-des-Prés » une gloire soudaine et plus durable par la grâce de la « révolution de mai 1968 », où les étudiants en ébullition prendront pour maître à penser l’auteur de L’Écume des jours, de L’Arrache-cœur, des Bâtisseurs d’Empire et du « Déserteur ». La Vie en rouge, collage de textes (roman, théâtre et poésie) de l’auteur, souhaite à son tour célébrer cette œuvre franche et anarchiste en posant la question : que penserait Boris Vian de la violence et du recul de la démocratie qui caractérisent notre époque?