LA VIE EN ROUGE

Salle Louis-Philippe-Poisson (Maison de la Culture de Trois-Rivières)

 

Textes de BORIS VIAN
Idéation et mise en scène de NATHALIE WHELAN

Assistance à la mise en scène : Éric Langevin
Musique : Anthony Richard
Décor : Luc Archambault
Conception des éclairages : Luc Levreault
Éclairages : Émile Baril-Lefebvre
Costumes : Le Costumier Chavigny
Accessoires : Louise Denis et Nathalie Whelan
Coiffures : Patrice Visage

Avec : Guillaume Cholette Janson, Gabriel Lacoursière, Linda Leblond, Marie-Andrée Leduc, Myriam Lortie et Cindy Rousseau


Boris Vian, alias « Bison Ravi », a composé une œuvre combattante dont les adolescents raffolent, y retrouvant leur révolte et leur amertume, leur joie de vivre et leur vision à la fois enfantine et cynique du monde, leurs délires oniriques et leur sens de la poésie ludique. Il ne porte pas de lunettes roses pour commenter l’actualité, il se connecte au rouge qui pulse dans les cœurs insatisfaits. Comme s’il cherchait à exorciser la violence qu’impose l’Histoire par un humour grinçant qui recouvre l’horreur, son écriture adopte un ton tantôt lyrique et désespéré, tantôt humoristique et burlesque. Mort à l’âge de trente-neuf ans, passablement ignoré de son vivant, la France redonnera au « Prince de Saint-Germain-des-Prés » une gloire soudaine et plus durable par la grâce de la « révolution de mai 1968 », où les étudiants en ébullition prendront pour maître à penser l’auteur de L’Écume des jours, de L’Arrache-cœur, des Bâtisseurs d’Empire et du « Déserteur ». La Vie en rouge, collage de textes (roman, théâtre et poésie) de l’auteur, souhaite à son tour célébrer cette œuvre franche et anarchiste en posant la question : que penserait Boris Vian de la violence et du recul de la démocratie qui caractérisent notre époque?

Durée : 1h20 (sans entracte)

PROGRAMME
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Photos du spectacle

© Mario Groleau, photographe officiel du TGP


Dans les médias

« Tout est vraiment remarquable. L’ingéniosité et la vision de la metteure en scène, scénographe et accessoiriste Nathalie Whelan est tout à fait sublime. On n’en perd aucun moment. Le tout aurait pu devenir un peu cliché mais, au contraire, tout s’imbrique de façon naturelle. […] Les mimiques naturelles dans des chorégraphies inusitées sont placées au quart de tour pour ce cabaret improvisé. Aucun moment d’attente. Tout s’enchaîne merveilleusement bien. Une distribution hors pair ! Ils sont simplement magnifiques! À travers cette pièce, on sent l’osmose entre eux. Bravissimo! […] Chapeau pour tous ces gens qui font de 𝘓𝘢 𝘷𝘪𝘦 𝘦𝘯 𝘳𝘰𝘶𝘨𝘦 un succès, un grand succès! Personnellement je n’ai pas vu de pièce depuis la pandémie qui m’interpelle de la sorte. Si vous n’y allez pas, vous manquerez alors vraiment quelque chose. »
Éliane Proteau, Trifluviennement vôtre, 21 février 2025

« J’avais déjà vu, au fil des années, trois spectacles, trois collages en hommage à Boris Vian, puis à chaque fois, je n’étais pas sorti de là très interpellé. J’avais chaque fois l’impression d’assister à un genre de party d’intellectuels où on étalait notre culture littéraire sur la scène avec un public un peu pris en otage. Alors disons que je ne partais pas nécessairement avec un enthousiasme débordant. […] Mais je n’ai pas été témoin de ça avec 𝘓𝘢 𝘷𝘪𝘦 𝘦𝘯 𝘳𝘰𝘶𝘨𝘦, loin de là ; j’ai adoré, adoré ma soirée. Ce que j’ai vu dans la production, au premier abord, c’est de l’amour : l’amour pour l’auteur, l’amour pour son univers, pour son écriture. L’amour aussi, surtout, du théâtre ; ça se sent au fil de la représentation. On sent que l’équipe a eu un malin plaisir à travailler sur ce projet-là ensemble. […] Et c’est là aussi que c’est intéressant : on peut avoir une metteure en scène qui est en amour avec un texte, mais ce n’est pas toujours garant du fait que ça va se communiquer avec le public. Et là, Nathalie Whelan a réussi, avec ce spectacle-là, à communiquer très bien son amour pour Boris Vian. On avait l’impression de participer au party avec eux. […] Dès notre entrée en salle, on se sent imprégné : éclairage très intéressant de Luc Levreault qui nous met dans l’ambiance, trame sonore qui nous plonge dans l’univers de cette période-là. […] Au centre du spectacle, il y a un quatuor, ma foi, fantastique. […] On a des comédiens de théâtre qui chantent, et même si ce n’est pas leur force, c’est assumé, c’est bien fait, c’est bien livré, et c’est vraiment l’une des richesses de la production. […] C’est un beau retour pour Myriam Lortie ; j’ai déjà hâte de la revoir dans une autre production. Guillaume, pour moi, est la révélation du spectacle. Il a réussi à plonger dans tous ces univers-là, et c’est un feu roulant pour lui. Il interprète chacun de ses rôles de manière vraiment assumée […] ; chapeau, de son côté. Marie-Andrée Leduc est toujours d’une efficacité redoutable. […] On est en présence d’une très, très bonne actrice. On est toujours bien servi lorsqu’elle est là. […] Depuis quelques productions, Cindy Rousseau a gagné en maturité, et tout, tout, tout, hier soir, était assumé : les mouvements, l’interprétation, […] les petits détails, tout était d’une précision redoutable. […] Il y a vraiment une magie qui opère avec ce spectacle, et ça fait une soirée qui est surprenante, qui est un peu déstabilisante, mais qui est aussi très, très, très, très agréable. Je suis sorti de là avec un petit sourire en coin en me disant : mon Dieu, on vient de passer un autre bon moment de théâtre à Trois-Rivières. »
Stéphane Bélanger, Le Journal d’un Mauvais Garçon, 21 février 2025

« Le fil conducteur du spectacle, c’est qu’il y a deux Boris : le Boris Vian qui est du passé, qui est celui qui est mort à 39 ans et qui a très peu connu le succès, et il y a son anagramme Bison Ravi, qui est au présent, au Québec, et qui réagit à ce qui se passe. C’était ça ma grande question, ma motivation tout au long du processus de création : qu’est-ce que Vian dirait aujourd’hui? qu’est-ce qu’il dirait des ordinateurs — c’était un ingénieur, c’était un “patenteux”, un gars de “char”, il aimait la mécanique ; qu’est-ce qu’il dirait de la techno? Ensuite, la guerre, tout le retour de la droite qu’on voit partout, qui est épeurant. Alors c’est 𝘓𝘢 𝘷𝘪𝘦 𝘦𝘯 𝘳𝘰𝘶𝘨𝘦 : rouge comme le sang, rouge comme le drapeau, comme la passion, comme la révolte, comme la guerre. Les thèmes qui sont abordés, c’est le deuil, les changements de sexe — il a écrit une chanson en mille-neuf-cents quelque sur le changement de sexe, il fallait le faire! C’était quelqu’un de très tolérant, quelqu’un de très avant-gardiste, et c’est ce qui est mis de l’avant tout au long du spectacle. »
Nathalie Whelan, en entrevue avec Emmanuelle Brousseau, Toujours le matin, 21 février 2025

« Avec 𝘓𝘢 𝘷𝘪𝘦 𝘦𝘯 𝘳𝘰𝘶𝘨𝘦, l’idéatrice Nathalie Whelan a souhaité faire découvrir ou redécouvrir une portion du legs de ce prolifique artiste avec une pièce en formule cabaret, soutenue par une solide distribution de comédiens. [...] L’atmosphère de la salle Louis-Philippe-Poisson se prête bien à une proposition audacieuse comme celle-ci. Sur scène prennent vie les textes réfléchis, mais aussi les poèmes et les chansons de Vian grâce au quatuor de talent formé des comédiens Cindy Rousseau, Guillaume Cholette-Janson, Myriam Lortie et Marie-Andrée Leduc. Avec eux, deux versions du défunt artiste cohabitent et partagent aux spectateurs des pans de son vécu: Boris Vian (interprété par Gabriel Lacoursière) et Bison Ravi (personnifié par Linda Leblond), alors que le musicien Anthony Richard permet de bien camper la dimension musicale qui vit à travers les œuvres de Vian par une prestation en direct des plus réussies. [...] Il est intéressant dans la proposition de voir plusieurs enjeux ou aspects de la société moderne rapprochés aux textes de Vian. Des textes rappelons-le qui datent de plusieurs décennies et qui permettent de mettre en évidence le caractère précurseur de leur auteur. [...] L'énergique numéro sur la pièce 𝘑𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 𝘴𝘯𝘰𝘣 et l’assurance des comédiennes dans 𝘕𝘦 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘮𝘢𝘳𝘪𝘦𝘻 𝘱𝘢𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘧𝘪𝘭𝘭𝘦𝘴 ont plu au public et à l’auteure de ces lignes. Des instants où le comique l’emporte. Pourtant, la profondeur n’est jamais loin dans le contenu de 𝘓𝘢 𝘷𝘪𝘦 𝘦𝘯 𝘳𝘰𝘶𝘨𝘦 avec le touchant texte de la chanson 𝘊'𝘦́𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘫𝘰𝘶𝘦𝘳 brillamment livré par le duo Myriam Lortie et Marie-Andrée Leduc, qui aborde la naissance de l’amour ou encore la tendresse qui côtoie la fatalité dans le numéro reposant sur l’œuvre 𝘓'𝘦́𝘤𝘶𝘮𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴, un classique de l’auteur. Si la distribution possède une justesse et une aisance scénique qui rendent hommage au génie (incompris) de Boris Vian, on ne pourrait passer sous silence le charisme du comédien Guillaume Cholette-Janson qui épate les spectateurs à toutes ses présences sur la scène, peu importe le ton. Sévère, goguenard ou touchant: on embarque dans l'émotion avec lui. Appuyés par un décor conçu par Luc Archambault et des accessoires choisis avec doigté par Nathalie Whelan et Louise Denis, les numéros de 𝘓𝘢 𝘷𝘪𝘦 𝘦𝘯 𝘳𝘰𝘶𝘨𝘦 s’enfilent à un rythme effréné dans un jeu tout en mouvement. Une fluidité qui donne une prestance au propos tout en le mettant en vedette, un peu comme une scène de cinéma. Mention spéciale d’ailleurs à la reproduction du fameux pianocktail, une invention issue de l’œuvre 𝘓'𝘦́𝘤𝘶𝘮𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴, qui vole la vedette sur scène. Au fil des créations, on en vient à constater toute la rébellion, la fougue, mais aussi le tumulte intérieur qui gronde dans le for intérieur de Boris Vian. [...] Un génie qui porte le message qu’il ne faudrait peut-être finalement pas prendre la vie trop au sérieux puisque la mort est inévitable. Par chance, les œuvres de l’artiste et leur pertinence encore aujourd’hui tendent à défier cette fatalité. »
 Geneviève Beaulieu-Veilleux, Le Nouvelliste, 21 février 2025

« Ce spectacle-là, c’est l’après-guerre, c’est la libération, c’est le plaisir de retourner dans les caves, pas pour se cacher, mais bien pour fêter et festoyer. C’est l’ambiance qu’on installe dès le début du spectacle. […] Comme prémisse, Nathalie Whelan s’est dit : “Je me suis toujours demandé, en lisant du Boris Vian : qu’est-ce qu’il dirait aujourd’hui? qu’est-ce qu’il penserait aujourd’hui?” D’après moi, il dirait la même chose. Moi, je ne connaissais pas vraiment son oeuvre, si ce n’est 𝘓𝘦 𝘥𝘦́𝘴𝘦𝘳𝘵𝘦𝘶𝘳 et 𝘍𝘢𝘪𝘴-𝘮𝘰𝘪 𝘮𝘢𝘭, 𝘑𝘰𝘩𝘯𝘯𝘺. C’est le fait de travailler sur ce spectacle-là qui m’a permis de découvrir Boris Vian et de découvrir à quel point son oeuvre est d’une actualité fascinante, que ce soit dans la dénonciation, dans le féminisme qui est évoqué, l’ironie avec laquelle il dépeint des travers de la société ou la vision critique qu’il a de certains individus. Et on se dit : il n’y a rien qui a changé, finalement? »
 Marie-Andrée Leduc, en entrevue avec Anne Boucher, Fin PM, 20 février 2025